Il
était une fois trois petits cochons…
Une simple visite rendue
à la page d’accueil du site officiel de Dakiniz suffit à nous renseigner sur
l’origine de ce trio musical venu de Paris. En effet, nous y apprenons sans
détour qu’un jour venu trois petits cochons prirent leur destin en main et,
laissant derrière eux leur lointaine contrée, se décidèrent à aller chercher
fortune en direction de la capitale. Arrivés sous le ciel de Paris, et dans
l’optique de voir couronnée de succès leur
nouvelle entreprise, tous trois se rebaptisèrent et s’armèrent
d’instruments de musique. Ainsi, le
guitariste et chanteur choisit de s’appeler Matthieu, le batteur Pierre tandis
que le prénom d’Alex fut choisi par le bassiste. Le trio quant à lui répondrait
désormais au doux nom de Dakiniz[1]…
Bien plus sérieusement,
c’est à Montpellier qu’il faut chercher le premier soubresaut de ce qui, plus
tard, deviendra le trio de Noise-Rock Dakiniz. C’est en effet au cœur de la
capitale héraultaise que Pierre et Matthieu, deux amis se connaissant depuis
l’époque du collège, et plus précisément la classe de 4e et le cours
de latin, venus y poursuivent leurs études décident d’y fonder un groupe,
nouveau prolongement d’une première expérience remontant à l’époque du lycée.
Les deux compères évoluent à l’époque au sein d’un groupe local dénommé The
Opium, au son Garage-Rock.
The Opium écume alors
bars, rassemblement de motards, fêtes et manifestations étudiantes, tout en assurant
des prestations dans toutes les salles possibles, petites comme grandes, avec,
entre autres, un passage au Rockstore, toujours à Montpellier.
Matthieu et Pierre
prendront ensuite la décision de rejoindre Paris, d’y « monter »
comme on dit souvent. Leur but? Tenter de vivre « le rêve américain »,
de vivre « le leur » avant tout et d’espérer le voir se concrétiser
pour de bon.
Désireux d’édifier un
nouveau projet musical, et à la recherche d’un bassiste, le chanteur et le batteur font vite paraitre
l’annonce suivante :
"Groupe
à fleur de peau cherche bassiste attentionné".
Alex, qui auparavant
officié en tant que bassiste au sein du groupe parisien Mushroom Monkeys, se
laissera tenter…En cette année 2012 le projet labélisé « Dakiniz »
prenait forme. Le trio nouvellement formé, l’aventure pouvait commencer et les
choses sérieuses débuter !
Dakiniz lui-même se
définit comme suit :
DAKINIZ
[dakiniz], n. m. : trio
musical parisien au noisy rock pulpeux, viril et abrasif. La rencontre
charmante entre Fugazi, McLusky, Luis Mariano et le TER Montauban –
Carcassonne.
Définition simple et
claire aux perspectives musicales aussi étonnantes qu’attrayantes, à en juger
par la somme des quelques influences citées !
La première
concrétisation discographique de ce jeune groupe fut un premier EP quatre
titres éponyme publié le 15 janvier de l’année suivante[2].
D’Oriental Lily Flower, Be My Guy, All Men Fall et Former Friends, les quatre titres que
renferme Dakiniz, on peut avant tout retenir un premier ensemble de titre
s’inscrivant pleinement dans les canons du genre Noise-Rock. Les titres sont
plutôt brefs et s’articulent en majorité autour d’une rythmique lourde imprimée
par des gimmicks de batterie très présents sur l’ensemble de ces titres. La
guitare électrique se signale par un ensemble de riff puissants et rageurs,
parfait écrin dans lequel un chant mixé en avant, et débridé, souvent, vient
prendre place. La basse, quoi que pouvant, à la première écoute, semblait en
retrait tire son épingle du jeu en proposant des lignes à la fois simples,
accrocheuses et massives et délivre ainsi un parfait contrepoint au jeu de
batterie (citons les exemples des titres Be My
Guy et All Men Fall) Si Dakiniz fait l’apanage de
la puissance et des décibels, l’ensemble ne se dépare nullement d’une certaine
finesse, cette dernière pouvant être perceptible sur un titre comme Be My Guy et se révéler plus encore sur
la production de l’ensemble du disque. En effet, Le Noise-Rock proposé par le
trio est nimbé d’une production plutôt équilibrée qui concorde à l’homogénéité
de l’ensemble. Sur ce premier EP Dakiniz
capte et nous révèle à sa manière des ambiances, grâce au titre Former Friends notamment, pour une
conclusion dont la spontanéité se révèle une parfaite introduction à Spontaneous
Human Combustion With French Fries, seconde production du trio.
Dix
minutes, quatre titres.
C’est le 1er
juin 2014 que Matthieu, Pierre et Alex ont fait paraitre Spontaneous Human
Combustion With French Fries[3],
leur second maxi quatre titres.
Sur la réalisation et
la conception de celui-ci, Matthieu confiera :
« Le
nouvel EP c'est vraiment un travail de groupe, chacun a véritablement apporté
sa pierre à l'édifice, son univers, ses envies, ses influences, on a
sculpté les 4 morceaux en essayant de créer une atmosphère qui nous
ressemble. C'est brut, sûrement un peu sale mais c'est du sincère ! »
Ce travail à six mains
fut placé sous la houlette du producteur Sa Sainteté Laurent Ciron qui s’est
entre autres illustré pour son travail aux cotés de groupes comme Dogs, The Jones ou Architekt of Sound.
C’est, dit-on, dans la cuisine de ce dernier que Spontaneous Human Combustion
With French Fries, fut enregistré.
Le travail de
production semble cette fois avoir pris une orientation quelque peu différente.
En effet, si la production de Dakiniz se signalait par son coté légèrement
calibré, un mixage soigné des différentes pistes instrumentales et sa petite
touche de finesse, celle de son prédécesseur se veut au contraire préservatrice
de l’énergie intrinsèque des performances « live » du groupe. Primauté
fut donc accordée au mixage d’un son
émanant presque exclusivement de prises directes.
Le résultat donne à
découvrir un son encore plus brut et spontané que précédemment, très proche des
productions de type Garage-Rock.
I
Will Probably Sell My Organs On Facebook, la plage titulaire,
s’ouvre sur une introduction de guitare électrique au gimmick simple et
accrocheur, avant que, très vite, chant rageur et batterie martiale n’en
viennent à occuper l’espace sur un rythme effréné. Dans la seconde moitié du
morceau une ligne de basse lourde se fait remarquer. Une entrée en matière
aussi brève que puissante (une durée maximale d’à peine deux minutes) où
l’apparente légèreté du gimmick de guitare et la ligne de basse contrastent
assez efficacement avec la puissance des percussions et du chant. Le tout se
voit agrémenté d’une petite touche d’humour.
Daddy
Is A Girl arrive ensuite. Ce titre se voit en premier lieu
porté par un chant très en avant dès l’entame. La batterie et la basse semblent
ici se contenter du second plan, accompagnant plus volontiers le chant. Un
titre pourvu d’un pont instrumental aussi bref que rageur. Par ce morceau, la
spontanéité du travail du groupe trouve tout son sens. On a en effet
l’impression de découvrir ce morceau en pleine ébauche, encore au stade
d’embryon.
Chant toujours aussi
rageur et tempo très rapide pour laisser se dérouler Same Face Same Process, la composition suivante. La basse se fait plus
présente et audible encore qu’auparavant. La batterie assure un gimmick
dantesque, quoi que plus en retrait sur ce mixage. Six cordes, basse et batterie
assurent, au milieu du titre, une partie instrumentale quelque peu mouvante.
C’est sur Life Is Banana que se referme Spontaneous
Human Combustion With French Fries. Cette composition se voit pourvue d’un
sympathique gimmick de basse. La six cordes délivre toujours un riff principal
massif, simple mais accrocheur. Le chant, lui aussi, s’inscrit dans la droite
ligne des prestations délivrées précédemment. Life Is Banana est aussi pourvue d’un sample. A l’ambiance
« Honky Tonk » de Former Friends
succède une clameur simienne…
« C'est brut,
sûrement un peu sale mais c'est du sincère ! »
Matthieu
****
Avec Spontaneous Human Combustion With French
Fries Dakiniz nous livre assurément un concentré de Noise-Rock. Ils ne perdent
pas leur temps, vont vite, très vite et nous présentent quatre morceau sur une
durée maximale de dix minutes seulement. Quatre morceaux où seul l’énergie et
la fougue prévalent. On apprécie la spontanéité des interprétations et l’humour
qui semble parer leur propos. Il apparait tout de même que, sous le ton
humoristique apparent, la gravité demeure. L’ensemble est bref, brut de
décoffrage surtout, mais sans pastiche.
Dakiniz se présente
comme un trio évoluant dans l’ornière du Noise et Garage –Rock, force est de
constater qu’il n’y a nullement tromperie sur la marchandise. Les amateurs du
genre, l’auditeur à la recherche d’une découverte impromptue ou encore ceux
ayant besoin de se décrasser les cages à miel apprécieront !
Nul doute que cet
ensemble de titres gagne en envergure lors des prestations du trio qui, ces
dernier temps, se produit beaucoup, enchainant les concerts en compagnie du
groupe Dead
Penguins Sporting Club notamment. Dakiniz devrait très bientôt retrouver le
chemin des studios pour finaliser de nouveaux titres, préludes à un premier
album studio assurément produit par Laurent Ciron. Les morceaux existants eux
seront bientôt à redécouvrir au travers de pendants vidéo, des clips étant en
effet en préparation. En les attendant, on peut toujours se réserver un petit
quart d’heure pour l’écoute de Spontaneous Human Combustion With French Fries !
Concluons notre tour
d’horizon de ce Spontaneous Human Combustion With French Fries par une phrase de Michel Polnareff, phrase
qui, ici, fait singulièrement écho aux propos tenus par son chanteur et semble
parfaitement résumer et qualifier le travail accompli par Dakiniz avec cet
EP :
Si l'on vous demande
pourquoi cet enregistrement […] n'est pas un modèle de perfection technique,
répondez que, souvent, la sincérité est préférable à la qualité »[4].
Liste des titres :
1.
I Will Probably Sell My Organs On
Facebook
2.
Daddy Is A Girl
3.
Same Face Same Process
4.
Life Is Banana
Dakiniz, Spontaneous
Human Combustion With French Fries, 2014.
Publié le : 28/10/2014 par La Gazette De Paris
Xavier Fluet @GazetteDeParis
[3] Ibid. section « Spontaneous
Human Combustion With French Fries, ». Lien : http://dakiniz.bandcamp.com/album/spontaneous-human-combustion-with-french-fries
[4] Michel Polnareff, Polnarevolution, Disc AZ, Novembre 1972. Extrait du texte intérieur
de la pochette 33T.
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