mardi 26 mars 2013

La Suède se démarque...

La Suède, qui abrite une communauté de militants du téléchargement gratuit, est aussi à l'avant-garde du marché musical avec des ventes tirées par l'écoute en ligne, le streaming, proposée par diverses plateformes.

Le CD ? Plus que jamais dépassé. Un sort que pourraient aussi bientôtconnaître les grands du téléchargement légal, comme la boutique iTunes d'Apple. L'Américain ne fait pas le poids face à deux enfants du pays qui ont essaimé dans le monde entier: The Pirate Bay côté illégal, et Spotify côté légal.

2012 a été non seulement la meilleure année pour les ventes de musique en Suède depuis 2005, mais aussi la première où le streaming a dépassé la moitié
du chiffre d'affaires de l'industrie. La Norvège voisine est sur la même tendance, bien accueillie par la profession puisque "les deux pays ont affiché une forte croissance" ces dernières années, note Ludwig Werner, directeur en Suède de la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI). Ailleurs, comme par exemple dans le pays le plus peuplé de l'Union européenne, l'Allemagne, les disques assurent encore la majeure partie des recettes, ajoute-t-il. L'âge d'or d'avant le partage de fichiers, avec le pic des ventes atteint au début des années 2000, ne reviendra peut-être jamais, estime M. Werner. Par
rapport à dix ans auparavant, elles ont chuté de près de 40%. Mais le pays d'Abba et de Swedish House Mafia suit une trajectoire qui pourrait en inspirer d'autres.

En 2009, Stockholm a frappé fort contre le piratage avec une loi qui a donné aux détenteurs de droits d'auteur le droit de demander aux fournisseurs d'accès
internet les coordonnées des adeptes du partage illégal de fichiers. Spotify, créé en 2008, garde une forte clientèle locale. La Suède et la Norvège sont deux pays "où la pénétration des services de streaming est très élevée", relève une porte-parole du groupe, Marine Elgrichi. Selon la célèbre marque, un abonné "premium" qui débourse 120 euros l'année dépense deux fois plus en musique que l'internaute qui préfère télécharger des fichiers MP3 sur son disque dur. Spotify s'est fait quelques ennemis chez les artistes, qui l'ont accusé de vampiriser le marché en les rémunérant mal. Mme Elgrichi répond qu'en moins
d'un an, l'entreprise a doublé le montant reversé aux labels pour payer à leur tour les auteurs.

D'après Tom McAlevey, fondateur de Radical.FM, une radio personnalisable en ligne suédoise sur le modèle de l'américaine Pandora, la critique s'adoucit
quand les artistes "commencent à sortir leur calculette". Il estime qu'il suffit de 100 à 200 écoutes sur cette plateforme pour atteindre les revenus générés par un téléchargement de MP3. "Après, c'est tout bénéf !". "Ça va être la chose la plus lucrative jamais vue parce qu'on se fait payer éternellement", pense-t-il, alors que sur iTunes, un internaute achète un fichier une fois seulement.

Robert Litsen, du label suédois Cosmos Music Group, voit un autre intérêt. "Avant, beaucoup de nos activités de marketing revenaient à payer une
exposition", rappelle-t-il. Aujourd'hui, avec les suggestions d'artistes plus ou moins obscurs faites par Spotify, Deezer ou Pandora aux internautes dès qu'ils écoutent leur chanteur favori, cette publicité devient moins cruciale.

Le secteur espère aussi pouvoir dépendre moins des CD offerts à Noël. "Nous pouvons étaler les sorties d'albums sur des périodes différentes, où les artistes ont plus de chances d'émerger de la masse", écrivait le patron d'Universal Music en Suède, Per Sundin, dans un rapport de l'IFPI.

Les activistes du partage voient aussi le nouveau modèle comme plus adapté à l'époque. "Ils ont enfin commencé à tourner les nouvelles technologies à leur
avantage, plutôt que d'essayer de les combattre", constate la présidente du Parti pirate suédois, Anna Troberg.

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