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dimanche 12 avril 2015

Articles à paraître sur La Gazette De Paris

J'aborderai dans mes prochains articles à paraître sur La Gazette De Paris les œuvres suivantes.

Musique:


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The Lilix And Didi Rock Band, Autre Chose A Faire Le Soir, Pédagosic, 2014.



Little Girl, EP, LG Records, 2015.  Article à paraître fin avril 2015.





Tiki Black , Out Of The Black, No Sugar Added (Nose) Records, 2013

Dirty South Crew dévoile le clip de "Tolérance"


En décembre dernier, nous vous annoncions la sortie du clip du titre Speed, morceau présent sur Wake Up, leur second album. Un clip qui nous donnait l’occasion d’entendre ce titre dans une version acoustique.

Les amiénois poursuivent la promotion de leur album et reviennent cette fois-ci avec une mise en image de leur chanson Tolérance. Un titre sur lequel nous étions revenus, à l’occasion de la parution d’une critique de l’album sur notre site, et nous ayant à l’époque inspiré le commentaire suivant :

Tolérance s’ouvre ensuite sur une boucle de synthétiseur immédiatement suivi et appuyé par un riff de guitare accrocheur. La prestation du batteur est sobre et efficace, tout comme celle délivrée par le bassiste dont la note et le son rond ajoute au groove sur ce titre faisant la part belle à un refrain dont l’efficacité est ici égale à la simplicité. Le titre du morceau annonce la couleur quant au contenu du texte, contenu au sein duquel l’actualité trouve un écho : 

« J’ai fait le pari du savoir-vivre ensemble, s’enrichir de nos différences et ne pas aller que vers ceux qui nous ressembles/Je m’adresse au homophobes, je m’adresse aux xénophobes, à ce qui pense que c’est dans le repli communautaire que l’on devient des hommes/[…] à trop surfer sur une vague bleue marine/On finit par se noyer dans une flaque d’urine/L’étroitesse de vos esprits vous condamne sans sursis à toute une existence entre peur et ignorance. » 

Un clip, et un message, qui, même indirectement, illustraient plutôt bien cette phase de Gilles Perrault :


Le tolérance, c’est la civilisation par excellence. 






Voici le dernier clip de Dirty South Crew : « Tolérance », extrait du l'album « Wake up ».Cette vidéo est vôtre : c’est...
Posted by Dirty South Crew (D.S.C) on dimanche 12 avril 2015

mardi 21 octobre 2014

Critique musicale: Dakiniz bientôt dans La Gazette De Paris!



Après vous avoir  donné un article consacré au Live At The Rainbow'74 de Queen, je vous proposerai très bientôt de découvrir Spontaneous Human Combustion With French Fries, le second maxi du trio Dakiniz qui nous vient de Paris et qui, surtout, nous offre une décoction de Noise Rock bien pure!

On se retrouve bientôt sur La Gazette De Paris!

X.F.

samedi 20 septembre 2014

Critique musicale: Fragile- Smile(s) 2014


Genèse et mystère d’un projet

« Peu importe d’où je viens…Les réponses sont dans les œuvres. »[1]

Cette première phrase, extraite du communiqué de presse accompagnant la version promotionnelle de l’EP Smile(s), pourrait d’emblée couper l’herbe sous le pied à qui tenterait de coucher sur le papier les quelques grandes étapes ayant conduit à la formation du groupe Fragile et à la réalisation de ce premier maxi cinq titres. En effet, si la musique de Fragile se découvre désormais grâce à Smile(s), retracer son parcours, en situer la genèse n’est, de prime abord, point aisé.

Basé à Bordeaux, Fragile ne se laisse pas accoler la simple, et parfois réductrice, étiquette de « groupe », se définissant plus volontiers comme projet musical et participatif fruit de nombreuses et diverses collaborations porté par deux musiciens : Mathieu Pittet et David Dupuy[2]. David lui-même, ne pouvant que rester évasif sur ce point, n’hésite pas à faire remonter la genèse de ce qui sera plus tard connu sous le nom de Fragile à son enfance, à cette époque des premières ébauches textuelles tapées à l’aide de la machine à écrire maternelle et de la mise en musique de celles-ci avec le concours d’un camarade guitariste[3].

Dans une entrevue avec Luc Dehon pour le magazine Idolesmag, publiée le 2 juin 2014, David confie que les premières véritables brides tangibles du projet datent surtout de début 2000, date des premières répétitions et maquettes, sans toutefois ni expérience scénique ni professionnalisme. Fragile se résumait alors à des mots couchés sur le papier. Sous sa forme actuelle le projet voit le jour entre 2008 et 2009[4], avant  que quelques maquettes ne puissent être découverte sur le web en 2012, via Bandcamp.

L’adjectif fragile semble s’être imposé presque par hasard aux musiciens. Ceux- ci, n’ayant à un moment donné aucun nom réellement adéquat pour leur projet, en vinrent à choisir ce qui, à l’origine, était le nom d’une de leur composition[5].  Sur le sens à conférer à ce nom choisi, David déclarais récemment dans nos colonnes :  

« Fragile est une réponse à l’insensibilité du monde qui nous entoure, tous les jours, il est l’acceptation de choses que l’on se refuse de voir ou d’entendre et par ce fait permet de passer des étapes supérieures. Je le vois plus comme un combat vers une certaine « liberté. »
Musicalement il y a une partie ou l’on peut assimiler les arrangements a quelque chose de délicat peut-être, mais le contraire est aussi vrai avec des titres plus bruts et directs. Il y a de l’ambivalence comme dans beaucoup de choses, il y a de la force, surtout sur scène il me semble. »[6].

Smile(s) : Débuts d’un projet aux facettes multiples

Smile(s), premier EP de Fragile, disponible depuis le 26 mai dernier, et dont la version « Long Box », avec livret et traductions de textes, sera disponible le 9 juin, renferme le travail de sept musiciens. David Dupuy et Mathieu Pittet sont ici accompagnés de Clément Peyronnet, Robert Johnson et trois musiciens travaillant ou ayant travaillés, entre autres, avec le chanteur Cali : Julien Lebart, Blaise Margali et Nicolas Puisais[7].

L’enregistrement, dut à Fred Norget, Julien Lebart et Fragile a eu lieu « aux quatre coins du Sud-Ouest », le mixage et lui l’œuvre de  Joe Barresi, qui s’est entre autres illustré sur des productions du groupe Queen Of The Stone Age, dans l’enceinte du Studio JHOC à Los Angeles en Californie et c’est enfin à Bordeaux, au studio Globe Audio, qu’Alexis Bardinet s’est chargé du mastering du disque.

Lors de notre entretien, David Dupuy est revenu sur ces sessions d’enregistrement, l’approche de ce travail en studio et sur les différences d’approche musicale pouvant exister entre France et Etats-Unis. Il déclare ainsi :

« Les sessions de recording se sont faîtes avec Fred Norguet ainsi que Julien Lebart dans différents studios, à Perpignan et à Bordeaux. Toutes les méthodes sont bonnes à prendre même si il n’y a pas non plus un son qui tombe du ciel subitement, c’est à dire que, par exemple, pour les guitares, nous avons enregistré dans de très bonnes conditions dans une très belle cabine avec du gros matériel de studio. Il s’est révélé que nous n’étions pas satisfaits du son qui manquait de présence et qui n’était pas fidèle à ce qui sortait de nos amplis et de ce que l’on imaginait. Nous avons décidé de refaire toutes les guitares à la maison, dans notre local de répétition et dans une salle de concert ou nous avons des amis qui nous ont ouvert leurs portes. Nous avions deux fois moins de moyens et au final les prises sonnaient comme nous voulions, plus brutes et fidèles à notre vision de départ.
Pour moi il n’y a pas vraiment de conception différente sinon je crois que nous n’aurions pas pu mixer à Los Angeles, de plus vous remarquerez que le chant Anglais n’est pas travaillé pour ressembler à un Anglophone mais bien assumé avec un accent français pour garder la cohérence des deux langues dans la couleur du disque.
Il y a je pense, plus, une vision du son différente, un savoir-faire, et chaque pays et ingénieur du son à sa patte, sa valeur ajoutée dans un projet, ce qui lui permet de faire progresser le projet en lui-même. On dit souvent que le son est plus chaud sur la côte ouest des États-Unis et plus froid sur la côte est, les conditions de vie, les us et coutumes joueraient sur nos émotions et notre visions des choses. Je crois que c’est vrai cela se ressent au final sur un mix. En France par exemple nous aurions eu un mix plus précis, nous aurions entendu distinctement tous les instruments mais cet avantage aurait eu l’inconvénient de ne pas pouvoir donner de la personnalité et une couleur au projet, il n’y aurait pas eu de parti pris, ce que Joe Barresi a fait pour nous, il a mis sa couleur sa patte de manière très instinctive en mixant en direct sur une vieille console analogique et il ne s’est fié qu’à son ressenti sur la musique. »[8]


Notre entretien nous a également permis d’aborder le corollaire du pendant strictement musical de l’œuvre : Sa conception visuelle. Cette dernière porte la griffe du photographe Laurent Seroussi, connu, entre autres, pour son travail en collaboration avec Alain Bashung ou Mathieu Chédid, et voit Jacob Dellacqua y prêter ses traits. Au sujet de cette collaboration essentielle à l’existence du projet, David Dupuy révèle :

« Nous avons rencontré Laurent Seroussi par hasard il y a quelques années. Il cherchait un bar en ville et ils étaient tous fermés, il s’est retrouvé par hasard avec un ami au bar de la salle ou nous jouions pour un tremplin, on leur a dit entrer voir les groupes c’est gratuit, et si je reprends ses termes, il a poussé la porte et nous commencions à jouer la première note, il a vu tout notre set et a été surpris car à l’époque nous avions un chant batterie qui était lead. Il est venu nous voir à la fin en nous disant j’aime beaucoup ce que vous faîtes et j’aimerais réaliser une pochette pour vous un jour si ça vous dit. Nous ne savions pas qui il était et après quelques échanges de mails notamment le premier ou nous lui avions demandé si il avait déjà des travaux personnels à nous montrer, nous nous sommes vite rendu compte de qui il était et que nous avions eu la chance de le rencontrer par hasard, je me souviens avoir ouvert la boîte mail et être tombé sur la pochette de Fantaisie militaire de Bashung ainsi que des pochettes de M mais aussi ses travaux plus personnels. Pour le travail des visuels sur ce projet Laurent a une vision très artistique et personnelle de notre musique et notre musique s’intègre très naturellement dans ses propres créations, il n’y a pas besoin de réfléchir à un concept, les réflexions qu’il propose dans ses œuvre, les métaphores que l’on peut y voir sont aussi dans la musique de fragile, c’est ce que l’on appelle une bonne rencontre. »[9]


Smile(s) : Ambivalence musicale

Smile(s) renferme une production globalement irréprochable. Est perceptible sur l’ensemble du disque une très forte influence anglo-saxonne et américaine en particulier, le travail de Joe Barresi mettant parfaitement en valeur la prédominance mélodique de la musique du groupe Fragile. Aucun instrument ne se voit négligé et l’impression globale d’équilibre ressentie à l’écoute du disque témoigne au mieux d’un travail de production au sein duquel finesse et justesse ont su se conjugués. Un travail propre et net qui ne pâtit nullement de la présence de deux langues différentes, le français et l’anglais se côtoyant ici. Sur ce point, David Dupuy a confié que cela révélait les influences diverses et plus ou moins lointaines  qui sont celles des membres du groupe. Il déclare ainsi :

« C’est révélateur de nos influences qui s’étendent très loin mais aussi du hasard, le hasard des compostions lorsque l’on est en improvisation sur son piano ou sa guitare, les mots viennent suivant les mélodies et la musicalité, plus c’est mélodique plus cela nous pousse vers l’anglais naturellement. […] De plus vous remarquerez que le chant Anglais n’est pas travaillé pour ressembler à un Anglophone mais bien assumé avec un accent français pour garder la cohérence des deux langues dans la couleur du disque. »[10]

Smile(s) ouvre les hostilités, mais avec douceur, pourvut qu’est ce titre éponyme d’une introduction où la voix se voit secondée par le seul piano sur un tempo lent, ce qui d’emblée confère au morceau un ton tout aussi mélodique que mélancolique. Des gimmicks de batterie et de guitare viennent toutefois s’ajouter aux notes de piano, imprimant du même coup plus de vivacité au  rythme général sur lequel se déroule le morceau tout en mettant joliment en relief le refrain. Un premier titre qui donne à découvrir un travail mélodique simple et accrocheur. Notons que ce titre se verra accompagner d’un clip dont la sortie devrait avoir lieu le 9 juin 2014.

Either You Or Me démarre par une introduction guitare/voix appuyée discrètement et plutôt joliment par des cordes jusqu’à la première moitié du titre environ, avant que la six cordes électrique ne vienne parer l’ensemble de plus de puissance, notamment à l’entame du premier refrain. Le titre ce teinte ainsi instantanément d’une couleur et d’un son plus Rock, ce que vient confirmer un gimmick de batterie bien présent mais nullement écrasant. On appréciera également les incrustations de synthétiseur sur la coda instrumentale du titre.

Au sujet de ce titre, David confiera avoir rêvé, il s’agirait d’un songe :

« Un morceau comme « Either you or me », c’est un rêve que j’ai fait une nuit et que j’ai écrit très tôt le matin. À 9 heures, je crois. Généralement, je compose plus tard. Mais là, je me suis mis au piano dès mon réveil. Et là, j’ai juste rêvé de cette histoire. Beaucoup  d’images sont venues dans ma tête et ça a donné le morceau le lendemain matin. »[11]

Juste Un Instant est un morceau gorgé d’influences et d’effluves Pop. Premier de trois titres écrits et chantés dans la langue de Molière, son texte se révèle simple et accrocheur, les mots épousant parfaitement la ligne mélodique du titre. L’assise mélodique est joliment assurée par de très fines incrustations de guitare et de clavier. La batterie, bien que discrète, se chargeant d’assurer une assise rythmique de même teneur.  

Le titre Je reste œuvre lui aussi dans la douceur mélodique. L’entame du titre se fait sur une introduction en piano/voix, au sein de laquelle la douceur des notes du piano contraste d’emblée avec l’énergie vocale au ton plaintif, le tout se déroulant sur un rythme lent, où le silence, même furtivement, trouve place, avant qu’une nappe de synthétiseur et le piano ne crées une jolie atmosphère pour conclure ce titre efficace.

L’Extended Play se clôt sur le rythme rapide et les riffs de guitare saturés et très Rock du morceau Tuer Le Temps. Le gimmick de batterie est lui aussi très présent et puissant dès l’entame de ce titre dont le rythme ne retombe pas. Un titre résolument Rock, bref et efficace,  auquel le live, et l’énergie qui l’accompagne, saura donner plus d’envergure encore.

Enfin notons que sera disponible à la rentrée un sixième titre nommé Je cours. De la place est d’ailleurs prévue pour ce dernier sur le Long Box.

« Fragile est une réponse à l’insensibilité du monde qui nous entoure,
 Tous les jours, il est l’acceptation de choses que l’on se refuse de voir ou d’entendre
 Et par ce fait permet de passer des étapes supérieures.
 Je le vois plus comme un combat vers une certaine « liberté ».
David Dupuy

*****

 Avec Smile(s) les bordelais de Fragile se signalent en nous proposant de découvrir un univers tant musical que visuel. « Clair-obscur photographique » se mêlant à une musique Pop-Rock mélodique aux incrustations de Chanson et de Poésie, ou inversement. Là se trouve une sorte d’ambivalence musicale assumée, le coté mélodique et mélancolique de la Pop trouvant son contrepoint  parfait dans une veine se voulant plus Rock et rageuse, sans toutefois céder au déséquilibre. Ce premier effort discographique qui, souhaitons-le vivement, est prélude à un premier LP à venir, est paré des atouts de la séduction qui siéront à tout amateur de Pop/Rock et de Chanson. Ce disque bénéficie également d’un travail de production très bien réalisé et se voit accompagné à propos par le travail de Laurent Séroussi qui apporte incontestablement sa pierre à l’édifice plutôt prometteur et  solide que semble être Fragile.

Liste des titres :

1.      Smile(s)
2.      Either You Or Me
3.      Juste Un Instant
4.      Je Reste
5.      Tuer Le Temps
6.      Je Cours (à paraitre)

Fragile, Smile(s), Handle With Care, 2014.


Xavier Fluet

Publié le : 09/06/2014 par La Gazette De Paris.



[1] Fragile- Smile(s), Communiqué de presse.
[2] « Quelques mots avec Fragile », Uni-Son, 22/05/2014. Lien : http://unis-son.com/2014/05/22/quelques-mots-avec-fragile/
[3] Luc Dehon, « Interview de  Fragile», Idolesmag, 02/06/2014. Lien : http://www.idolesmag.com/interview-510-Fragile.html/   
[4] Ibid.
[5] « Interview de  Fragile», Radio Bouton, 05/2014. Lien : http://radio-bouton.org/2014/05/fragile-linterview/
[6]Xavier Fluet,  « Fragile : Fragile ? Un combat vers une certaine liberté ! », La Gazette De Paris, 02/06/2014. Lien : http://gazetteparis.fr/2014/06/02/musique-fragile-un-combat-vers-une-certaine-liberte/
[7] Cf. Note 1.
[8] Cf. Note 6.
[9] Ibid.
[10] Cf. Note 6.
[11] Cf. Note 3.

lundi 7 avril 2014

Critique Musicale: Lady Linn - High (2014)


Flashback : Des débuts à la renommée nationale

C’est le 27 avril 1981 à Gand (dans le district de Sint-Amandsberg plus précisément), dans la région néerlandophone du Plat Pays, que Lien De Greef, future Lady Linn, voit le jour. La jeune fille tombera dans la marmite huit ans plus tard et débutera son apprentissage musical par celui du piano, de là naitra sa volonté de devenir pianiste. À l’âge de quinze ans se sont ses capacités vocales qui commenceront à être exploitées, Lien profitant de son intégration au sein d’un tout jeune groupe de Rock, fondé par des amis,  pour prendre place, en plus de son rôle de claviériste, derrière le micro. Très vite la demoiselle se découvrira meilleure dans le rôle de vocaliste plutôt que dans celui de pianiste[1].

Ces premiers pas dans le monde musical se concrétiseront un peu plus tard, à l’âge de 18 ans,  par une poursuite d’études au conservatoire de Gand pour une période d’environ cinq ans. Cinq années qui permettront à la jeune femme de se familiariser avec le chant, la musique et la composition propres au Jazz, sa source d’inspiration et influence majeure.

L’année 2004 marquera la sortie du conservatoire et le début d’une collaboration nouvelle pour Lien, celle d’avec le groupe de Pop  Bolchi, emmené par Jeroen De Pessemier. A cette même époque, les prémices d’un nouveau projet centré sur le Jazz, qui très vite deviendra connu sous le nom de Lady Linn And Her Magnificient Seven, se mettent en place. Ce projet résulte de la volonté de Lien de fonder autour d’elle un groupe de Swing Jazz après cinq ans passés à chanter et jouer du Swing Jazz au conservatoire. Entourée d’amis et de musiciens qu’elle apprécie, elle parvient à former son propre groupe, qu’elle qualifie elle-même de « petit Big Band »,  et joue une musique fortement inspirée de celle ayant parcourue les années 30 et 40. S’ensuivra ensuite le quasi-indispensable passage par la case « reprises », pour une durée de quatre ans, avant que Lien ne se mette finalement à composer ses propres titres[2].

Dans un entretien accordé à Cécile Duclos pour le site La Toile De Pandore, publié le 4 avril 2012, De Greef définira le son et le style musical de Lady Linn And Her Magnificient Seven de la façon suivante :

Pour moi, c'est un mix, ce n'est pas un style. Les chansons sont plutôt  romantiques, je trouve, et positives ! C'est acoustique, organique. Et puis c'est pop, bien sûr, et il y a sans doute des influences soul, jazz mais aussi country et bossa ».[3]

Le travail de composition et d’écriture du petit Big Band belge se concrétise en 2008 avec la sortie de Here We Go Again, leur premier effort discographique, qui se veut un disque de Jazz, tant sur la forme que sur le fond, les musiciens ayant pleinement, et certainement, voulu digérer les quelques années passées à jouer du Swing Jazz. De cet album on retient avant tout la vivacité des rythmes divers, les compositions enjouées, une voix au grain reconnaissable, maitrisée et affirmée et une prédominance des sections de cuivres misent en valeur par des arrangements conçus sur mesure. Lien confira d’ailleurs qu’à l’époque il lui semblait avoir écrit ses morceaux en premier lieu pour les cuivres et dans un seul et unique style : Celui des Big Bands[4]

Toute considération purement stylistique mise à part, Here We Go Again sera couronné de succès et permettra au groupe  Lady Linn And Her Magnificient Seven de décrocher leurs premières récompenses nationales significatives : 2 MIA[5] dans les catégories « Meilleure interprète féminine » et « Meilleur album pop ». Here We Go Again sera en outre disque de platine en Belgique et sortira chez nous l’année suivante[6].

Ces débuts très prometteurs et plutôt remarqués seront suivis par la parution, en 2011, de No Goodbye At All,  second opus de Lady Linn And Her Magnificient Seven. Cet opus, en plus de marquer une évolution certaine dans le style du groupe, voit celui-ci entamer une collaboration avec le producteur Renaud Létang qui lui a par le passé œuvré sur les disques de Manu Chao, Feist, Émilie Simon, Clémence Lhomme, Gonzales, Alain Souchon, Juliette, Abdel Malik, Jane Birkin ou Mathieu Boogaerts entre autres.

La collaboration avec ce producteur s’accompagne d’une nouvelle direction artistique, No Goodbye At All offrant cette fois à l’auditeur, tout en restant encré dans l’univers du Jazz, univers dans lequel les cuivres ne sont nullement négligés, une palette de sons lorgnant désormais vers la Pop. Ce changement notable n’a en rien émoussé les qualités entrevues sur le premier album et la voix de Lien se voit parfaitement mise en valeur dans toute cette jouerie Jazz aux contours mâtinés de Pop, la production de l’ensemble assurant un équilibre parfait au disque, aux titre le composant,  faisant du même coup de celui-ci un bel écrin. Cette sortie a permis à Lady Linn de toucher un public plus large au-delà des frontières de la seule musique Jazz.

Lien confira, au sujet de l’enregistrement de ce second album, que les titres qu’il renferme furent écrits de manière plus directe que par le passé et sans prise en compte des futurs arrangements qui viendraient nécessairement garnir ces compositions nouvelles. La création s’est donc voulue plus libre. Cette nouvelle façon d’appréhender la composition s’est également traduite sur le laps de temps nécessaire à l’enregistrement et au mixage du disque, l’ensemble ayant été finalisé en une quinzaine de jours à peine[7].

De tout ce travail ressort un disque mêlant sonorités Jazz, Pop et effluves de Soul nimbées d’un son se voulant à la fois calibré et plus direct. No Goodbye At All peut être perçu comme une « suite logique » à Here We Go Again de la part de Lady Linn And Her Magnificient Seven, une suite permettant à la fois au groupe de consolider les attentes placées en eux suite à la sortie de leur premier opus (le Jazz et le Swing étant eux toujours présents) et de s’ouvrir, de séduire un public plus large, le coté Pop plus accentué de cette collection de nouveau titres offrant désormais un plus large audimat. Si l’on se place de ce point de vue, Lady Linn And Her Magnificient Seven n’a pas loupé le coche avec ce second opus, opus qui, en France, est sorti le 19 mars 2012. Cette sortie sera suivie d’une assez belle carrière hexagonale pour ce disque, permettant à Lien et son groupe de gagner en visibilité sur les scènes et chaines de télévision françaises. Manifestement très inspirée à l’époque, Lien confia même, lors de la promotion de No Goodbye At All, être déjà en train d’œuvrer à la composition de ce qui devait être son troisième opus[8], opus sur lequel nous allons désormais nous pencher plus avant.

High : évolution et prise de risques ?

Après les succès successifs de ses prédécesseurs, il va sans dire que ce qui devait être le troisième opus de Lady Linn était pour le moins attendu. Le fonctionnement de l’industrie musicale l’a mainte fois démontré : nombreux sont les jeunes groupes à ne pas réussir ce que l’on serait tenté d’appeler  « la passe de trois », la sortie d’un troisième opus étant souvent révélateur du devenir du groupe en question. Souvent le premier album fait office de révélateur, le second confirme ou non le potentiel véritable du groupe et le troisième, si la réussite est au rendez-vous, fait en quelque sorte office de pierre angulaire dans la discographie et offre  ou non au groupe une place à défendre dans le paysage musical pour les années à venir. A ce quitte ou double, souvent l’audace paye.

D’audace Linn et son groupe ne semble pas en avoir manqué et ne pas avoir non plus hésité à prendre l’adage au mot. En effet La chanteuse a confié dans nos colonnes percevoir la sortie de ce troisième album comme une étape majeure dans sa carrière : Celle qui lui permettrait de se défaire de cette étiquette de chanteuse « rétro » qui semble lui avoir été accolée[9]. Sur cet album la vocaliste de Jazz assume pleinement son attrait pour la musique House et l’influence qu’a pu avoir sur ses nouvelles compositions son implication au sein du projet parallèle FCL, groupe pour lequel Linn mets sa voix aux services de classiques de la House et de la musique noire nord-américaine. Cette expérience sera qualifiée de « libératoire » et aura également pour effet de désinhiber la jeune femme à l’entame du processus d’écriture des titres qui devaient composer l’album qui nous occupe ici.

L’écriture des titres s’est elle aussi accompagnée de quelques changements notables, Linn ressentant le besoin de délaisser quelque peu son piano au profit d’une six cordes durant l’élaboration des premières démos. Une fois ces démos prêtes celles-ci furent confiées aux bons soins du guitariste Bruno De Groote qui se chargea des arrangements guitaristiques de chacune d’elles. Tout ce travail échoua finalement entre les mains (et les oreilles) du producteur Renaud Létang qui s’occupa par la suite d’octroyer à chacune des pistes les beats et tempos adéquats pour l’enregistrement final et édifia du même coup la base sur laquelle chacun des musiciens viendrait par la suite enregistrer sa partie en studio.

 Cette phase de la production transforma parfois radicalement certains titres, à une ballade pouvait succéder un morceau up-tempo par exemple…Voilà en tout cas qui semble témoigner de la fécondité du travail accompli et mettre en exergue le rôle prépondérant joué par Létang dans la conception finale de ce disque.
C’est en tout cas bel et bien à ce dernier que nous devons sur ce disque la présence d’éléments sonores propre à la Disco, la House ou la Dance, de telle sorte que, selon ce que nous a confié Lady Linn,  le son que renferme High est vraiment la résultante du travail conjoint des musiciens et Renaud Létang, ayant vraiment su mettre à profit la liberté qui leur étaient donnée sur cet enregistrement[10].

Combiner cette fois la musique Pop aux influences Disco, House, Soul, R&B, Reggae, Gospel et Folk pour mieux laisser de côté le Swing Jazz des années 40, ce pari pouvait sembler risquer, c’est pourtant celui que toute l’équipe à tenter de relever en sortant High !

Une collection de chansons « honnêtes et fraiches »

High sera dans les bacs dès le 31 mars prochain. La production du disque est irréprochable, le son est à la fois « carré » et « calibré ». On ne décèlera pas d’esbroufe ou  un quelconque défaut de surproduction : Chaque ligne instrumentale est propre et peaufinée, aucun instrument ne se voit négligé au profit d’un autre non plus. La voix très Soul de Linn est, elle vraiment mise en avant sur toute la longueur de l’album. En plus du son, c’est là un premier vecteur d’unicité pour ce disque.

De jolis accords de guitare acoustique introduisent Regret, plage titulaire et premier simple extrait de cet opus, avant de soutenir la voix de Linn qui d’entrée est parfaitement mise en avant et en valeur. Le titre recèle une agréable mélodie et est très efficacement soutenu en son milieu par un gimmick de batterie plutôt discret. Un titre bref et une entrée en matières très légerement tentée de Folk efficace.

High arrive ensuite. Ce titre, qui fut le premier à être enregistré en studio et est directement inspiré par Le soulman Charles Bradley, est un up-tempo efficace pourvu d’un beat  synthétique et de riffs guitaristiques légèrement saturés et énergiques auxquels vient se plaquer La voix mixée en avant. La ligne de basse est ronde et très présente. L’utilisation faites d’overdubs et la présence d’une nappe de synthétiseur en conclusion du morceau accentue son côté très Disco.

 Avec  Build Up c’est sur une boucle de synthétiseur et de boite à rythme minimaliste, mais au demeurant efficace, que vient se lover la voix chaude de Linn qui, dans ce phrasé plaintif, se part d’accents proches du Gospel. Ce titre est lent, sa ligne de basse massive et son écoute attentive laisse percevoir de discrètes racines jazzy à cette ballade mélodique.

Un gimmick de clavier et une rythmique efficace mais non envahissante servent de cadre au crêpage de chignon dépeint dans le titre Sassy. Après le Gospel c’est au R’n’B des années 90 que Linn empreinte quelques accents du plus bel effet.

Nous avons ensuite droit au titre The Beat, pièce centrale et à la fois la plus longue du disque. Cette position au sein de ce recueil de chanson ne tient selon nous pas d’un complet hasard. Très rythmé, ce titre semble plutôt assez représentatif du travail de Renaud Létang. Un refrain profondément Pop et très efficace cohabite judicieusement avec un beat de synthétiseur, une boucle de boite à rythme, une excellente ligne de basse pour un rendu très carré et propre de l’ensemble.

Une rythmique à la fois lente et massive soutenue par des accords de guitares minimalistes servant d’écrin à la voix, ce sont là les composantes de la chanson Remember.
C’est d’une rythmique emplit d’effluves Jazz dont est doté le titre Drive. Un titre qui, sur un tempo modéré, nous délivre un son Pop et enjoué pour un joli moment.

Never donne ensuite à entendre une ligne de basse massive, un gimmick de piano accrocheur et des percussions aussi discrètes qu’efficaces à l’édification de l’écrin sonore dans lequel une voix aux accents Soul et R’n’B se déploie au long de cette ballade.

Le titre Back arrive ensuite, paré de ses accords de guitare électrique, secondé par un gimmick légèrement plus abrasif et une rythmique « carrée », cette dernière n’étant nullement envahissante. Le chant redevient prioritairement jazzy et se place très à propos dans l’ensemble. La présence, ici plus marquée, de la section de cuivre rappellera aux auditeurs de longue date les précédents enregistrements. Ce titre est en lui-même un mélange d’influences diverses réussi!

L’opus se clôt avec le très beau Feeling Me, un morceau que Linn a confié avoir enregistré pour la toute première fois de façon a capella à l’aide de son répondeur avant d’en finaliser une version dance et énergique, pour finalement décider d’en revenir à la version « messagerie » originelle. Un moment de piano/voix que l’on pourrait apprécier comme étant une véritable tangente opérée par l’artiste au regard des albums précédents et qui suffira à convaincre une fois pour toutes des qualités vocales remarquables que possède Linn (et qui, par la même occasion, devrait permettre de faire cesser certaines comparaisons avec d’autres chanteuses, que nous jugeons parfois trop hâtives…) Un moment dépouillé pour une conclusion se faisant sur une note de douceur.

« Suddenly I feel So free
I say goodbye to all my worries
Taken over by
By this energy
Wich I didn’t know that I had inside of me »

*****

Entre les deux pôles plutôt acoustiques que sont les titres Regret et Feeling Me Lady Linn et son groupe ont su nous donner à entendre une nouvelle facette de leur savoir-faire, auquel s’ajoute celui, indispensable, de leur producteur Renaud Létang à leurs côtés pour la seconde fois. Ce troisième opus aura de quoi surprendre, décontenancer même, les amateurs de Jazz ayant particulièrement appréciés Here We Go Again et No Goodbye At All. Avec High, place est ici faite à une plus grande spontanéité, les musiciens se libèrent des contraintes et carcans du genre dans lequel ils œuvrés par le passé, ils expérimentent aussi bien plus. En d’autres termes, ils ont su prendre des risques, notamment celui de déplaire à une certaine frange de leur public déjà acquis, pour relever le défi du troisième album et faire ainsi « la passe de trois ».  Cela s’est fait dans l’ornière d’une musique certes plus « mainstream » et commerciale mais ce groupe ne s’est en aucun cas déparé de ce qui fait son originalité. Cette nouvelle direction artistique séduira à n’en pas douter un grand nombre d’auditeurs. Et ils possèdent de toute façon bien assez d’atout pour que le successeur de High renferme les mêmes qualités…
En attendant, on appréciera cet audacieux melting-pot d’influences aussi diverses que variées et concentrées en un disque pour le moins appréciable !

Liste des titres :

1.      Regret
2.      High
3.      Build Up
4.      Sassy
5.      The Beat
6.      Remember
7.      Drive
8.      Never
9.      Back
10.  Feeling Me

Lady Linn, High, Universal Music France


Xavier Fluet @GazetteDeParis

[1] Xavier Fluet, « Lady Linn : « High ? Des chansons pop honnêtes et fraiches ! », La Gazette De Paris, 19/03/2014. Lien : http://gazetteparis.fr/2014/03/19/musique-lady-linn-high-des-chansons-pop-honnetes-et-fraiches/
[2] Cécile Duclos, « Interview de Lady Linn, une drama queen inspirée », La Toile De Pandore, 04/04/2012. Lien : http://www.latoiledepandore.fr/2012/04/interview-de-lady-linn-une-drama-queen.html
[3] Ibid.
[4] Id.
[5] MIA : Music Industry Awards. Equivalent belge des Victoires De La Musique, chez nous français.
[6] Id. Cf. note 2
[7] Id.
[8] Id.
[9]  Cf. Note 1