Sous
le signe de Saturne
Le projet MoonCCat
puise son origine dans l’indéniable attrait qu’aura su cultivé Luc Santiago
pour la littérature et, plus généralement, les arts du XIXème siècle.
L’adolescent d’alors est particulièrement séduit par les écrits des poètes
maudits qui ont traversés cette époque. La vocation de poète naitra chez lui
grâce à nombre de découvertes littéraires qui ne pouvaient le laisser
insensible et le marqueront, tel le fer rouge, à jamais. Parmi ces écrits
citons, entre autres, ceux d’Isidore Ducasse, Charles Baudelaire, Paul
Verlaine, Arthur Rimbaud, Alfred Dubus, Tristan Corbière, Germain Nouveau,
Joséphin Soulary, Maurice Rollinat ou bien encore Charles Cros.
Santiago revendique
aussi l’influence des arts picturaux, certains de ses textes pouvant naitre de
l’influence qu’ont sur lui des tableaux de Johann Heinrich Füssli, Jean
Delville, Ramon Casas, Alphonse Mucha, John Everett Millais, Gustav Klimt,
Leonor Fini, Félicien Rops, Carlos Schwabe ou Gaspar David Friedrich. Enfin le
Septeme Art, notamment à travers les réalisations de Marcel Carné, Jean
Delanoy et autre Jean Cocteau, trône également en bonne place parmi ses
nombreuses sources d’inspiration.
En plus de la
littérature et de l’écriture de poèmes, de nouvelles et d’un roman, c’est le
théâtre qui, plusieurs années durant, occupera le jeune homme. Celui qui
aujourd’hui se fait appeler MonnCCat créera même une revue littéraire toute
entière consacrée aux écrivains qualifiés de « maudits ». Elle
paraitra sous le nom de Revue du Chat
Noir. S’en suivront quelque années cette fois consacrées au journalisme qui
aboutiront à l’ouverture d’une boutique dédiée elle à une autre des grandes
passions de MoonCCat, à savoir celle que beaucoup qualifient de « Fée
verte », de « troisième œil du poète », : l’absinthe.
A l’aube de la
quarantaine, MoonCCat choisi finalement un retour à ses première amours :
l’écriture, fortement influencée par celle des poètes maudits, et la musique.
De ce choix est né le projet MoonCCat dont l’EP autoproduit La Reine Noire, que
nous vous proposons de découvrir ici, et la première concrétisation.
Musique
en clair-obscur
On nous décrit la
musique livrée par MoonCCat comme une évocation tintée de Rock, Folk noire et
mélancolique aux influences Post-Punk crépusculaire, mélangeant les univers et
les styles d’artistes aussi divers que Nick Cave, Alain Bashung, les Doors ou
Joy Division. Une intéressante mise en perspective du programme que nous
réserve cet Extended Play, si tant est bien sûr, que l’on soit amateur de ce
genre de musique.
La Reine Noire nous
propose de découvrir trois titres
chantés en français. Ces titres nous sont décrit comme recélant de textes à la
fois percutants et poétiques, se plaçant
dans la lignée de ceux écrits par des auteurs comme Edgar Allan Poe, Arthur
Rimbaud ou Charles Baudelaire ( dont MoonCCat a repris et mis en musique le
poème les chats notamment).
Notons que MoonCCat
signe à lui seul toutes les parties
vocales, de guitares, de basses et les percussions de chaque piste.
L’EP s’ouvre sur le
titre La Reine Noire. Une plage
luminaire qui d’emblée ne manque pas de donner sa couleur à l’ensemble et de
plonger l’auditeur dans une atmosphère pesante. Un titre pourvu d’un introduction
de batterie au gimmick simple qui se voit soutenue par une ligne de basse très
présente mais qui demeure claire. L’ensemble est assez joliment agrémenté par
quelques accords de guitare. Sur ce titre les vocaux rappelleront peut-être à
certains auditeurs ceux proposés en son temps par Alain Bashung. On remarque
aussi une similitude perceptible dans la façon qu’a MoonCCat de poser sa voix sur la musique.
La
Reine Noire personnifie, glorifie peut-être même, à
sa manière la grande faucheuse à qui nous devrons tous, tôt ou tard, emboiter
le pas, être confrontés : « Un
Rayon éclaire les silhouettes / Fantômes échappés des sombres caveaux / Venus nombreux
recevoir les miettes / Que la mort jette loin de son château ».
La traversée se poursuit ensuite et nous voit arriver au
beau milieu d’une ville apparemment
déserte dans la chanson Western
Fatal. L’introduction de batterie du morceau est, comme dans la plage
précédente, accompagné d’une solide ligne de basse et d’accords de guitares qui
le sont tout autant. La mélodie se révèle souple, non pesante. Toutefois,
l’ensemble du titre dépeint une tension
certaine, comme une anxiété…
Le texte nous narre la
rencontre pour le moins extraordinaire faite par un cavalier arrivant dans une
ville semblant, à première vue, déserte : Le cavalier solitaire arrive dans cette ville déserte / Personne aux
alentours, pas un bruit / Pourtant au milieu de la rue une silhouette noire est
immobile / Elle se retourne vers le cavalier, lui fait signe d’approcher / Le cavalier, la main sur son
révolver, arrête son cheval / Il mets
pied à terre / Reste immobile quelques instants et s’avance vers la silhouette
noire…
Sur ce titre le chant
parlé de MoonCCat offre une déclamation qui n’est pas sans nous remémorer celle
d’un certain James Douglas Morrison…
C’est dans les limbes que notre voyage prendra
fin. Cette ultime étape se constitue d’une ligne de basse qui, tout au long du
titre se distingue, même si, sur ce titre se sont avant tout les accords de
guitare, simples et accrocheurs, qui sont le plus finement ciselés pour mettre
en valeur la mélodie. Vers le milieu du morceau, ces mêmes accords se
démarquent. La batterie, bien qu’un peu plus en retrait, soutient l’ensemble
efficacement.
Ce titre doit
certainement dépeindre les affres d’un narrateur ayant pris conscience de sa folie.
Folie dont il ne peut se défaire : « Dans
les limbes il y a toi et moi, il y a aussi toutes nos envies. / Nous marchons
d’un pas très lent vers l’infini ou bien le néant / Dans les limbes la folie et
là aussi / Guettant nos moindre envies/ Dans les limbes la folie est là aussi…
Une touche de noirceur
qui sied parfaitement à l’évocation de ce thème des plus romantiques…
*****
L’E.P. La Reine Noire donne à entendre une
musique résolument sombre et mélancolique puisant ses racines dans un univers
ou se mêlent, mélancolie, gothique et romantisme. Les images évoquées sont
marquantes, cinématographiques presque…
Un échantillon révélant
au mieux ce que peut donner la synthèse des influences diverses et variée
citées plus haut. Si vous aimez la langue françaises, la poésie, les chansons à
textes particulièrement « travaillés », les textes et chansons à
tiroirs, le cinéma et les ambiances noires, jetez une oreille à ce premier
effort discographique. Vous pourriez trouver des éléments réjouissants dans
l’univers et la musique de MoonCCat. Il nous en assure lui-même :
« J’écris…Encore
et encore…Jamais satisfait…Je barre, je refais, je réécris, remplace un mot,
pense à un vers des jours entiers…Je rature…l’alexandrin est exigeant. Parfois,
un texte correspond enfin à ce que je recherchais en termes de symbolisme, de
musicalité, d’écriture… ».
La Reine Noire sera
disponible sur les plateformes de téléchargement légal (Itunes, VirginMega,
Fnacmusic, OVI, RealNetworks, Musiwave, eMusic, Music Net, Medianet, Rhapsody,
VidZone, Deezer, Amazon.com, 7Digital, Spotify, Beezik, Simfy.com, RDIO, Google
Play Music, Aspiro Music.) le 30 juin prochain.
Liste des titres :
1.
La Reine Noire
2.
Western Fatal
3.
Dans Les Limbes
MoonCCat, La Reine Noire, MonnCCat, 2013.
Xavier Fluet
Publié le : 05/06/2013 par
La Gazette De Paris.
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